juin 30, 2024
Proches aidants : Portrait de la situation au Canada
Au Canada, les proches aidants viennent de tous les milieux, chacun ayant leurs propres antécédents, parcours et besoins. Cette diversité montre les différentes fonctions qu’ils occupent au sein de leur famille. À quoi ressemblent-ils ? Grâce aux données de Statistique Canada et à notre dernier document de discussion, cet article examine les différents aspects de la prestation de soins dans tout le pays, dont les différences entre les sexes, la participation des jeunes et les défis particuliers auxquels font face les proches aidants marginalisés.
Sexe
Selon Statistique Canada, en 2022, plus de la moitié des Canadiennes âgées de 15 ans et plus offraient une quelconque forme de soins. Le rapport met en évidence une disparité importante entre les sexes : les femmes (32 %) étant plus susceptibles d’offrir des soins à des enfants que les hommes (26 %). De plus, 23 % des femmes s’occupaient des adultes ayant un problème de santé de longue durée ou une incapacité, contre 19 % des hommes. Malheureusement, cette disparité entre les sexes s’est encore aggravée pendant la pandémie de COVID-19.
Être un proche aidant peut avoir des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale : 56 % ont déclaré se sentir épuisés et 44 % se sont sentis inquiets et anxieux au cours de la dernière année. Les femmes sont plus susceptibles de ressentir ces émotions que les hommes.
Âge
Il peut sembler surprenant qu’une proportion significative de jeunes Canadiens offrent des soins. Selon Statistique Canada, en 2018, environ un Canadien sur cinq âgé de 15 à 30 ans a été un proche aidant, surtout auprès de ses grands-parents. Cette intervention précoce a de profondes répercussions sur leur vie sociale, leur éducation et leur développement personnel.
Il existe également une différence entre les sexes dans la prestation de soins chez les jeunes proches aidants. Les hommes (70 %) sont plus susceptibles de s’occuper de l’entretien de la maison et des travaux extérieurs que les femmes (39 %). Quant à elles, les jeunes femmes sont plus susceptibles de s’engager dans des tâches domestiques telles que la cuisine, le nettoyage ou la lessive (62 % contre 46 %), ainsi que dans la gestion et l’organisation des rendez-vous (21 % contre 10 %).
Sous un angle positif, on remarque que des initiatives communautaires et sans but lucratif sont en cours pour aider les jeunes proches aidants au Canada. En tant que récipiendaire de la subvention nationale de la Fondation proches aimants Petro‑Canada, la (en anglais seulement) a élargi son programme Powerhouse (en anglais seulement) pour soutenir les proches aidants âgés de 5 à 25 ans à l’échelle nationale. L’Association a également fondé le Centre de connaissances pour les jeunes aidants pour aider les familles, les éducateurs, les professionnels de la santé ainsi que les jeunes à accéder à des ressources et à des outils nécessaires à leur bien-être.
Communautés marginalisées
Les proches aidants issus de communautés marginalisées affrontent des défis uniques qui alourdissent leur charge de travail. Ils sont souvent d’ordre intersectionnel : il est crucial de reconnaître leurs expériences et leurs multiples identités. Les personnes marginalisées peuvent faire face à des obstacles systémiques qui les empêchent d’accéder à certains services et de recevoir du soutien. Cette restriction a des conséquences négatives sur leur bien-être économique, physique et mental.
Le dernier document de discussion de Proches aimants révèle que de nombreux proches aidants marginalisés ne s’identifient pas comme tels. Ce phénomène est influencé par les normes et les attentes culturelles qui les freinent à chercher et recevoir du soutien. Ces groupes sont également confrontés à de lourdes contraintes financières, notamment des dépenses importantes liées à la prestation de soins. De plus, ils sont confrontés à un manque de soins culturellement compétents et à un manque de visibilité systémique dans les politiques canadiennes de santé. Cette réalité marginalise encore plus ces aidants et souligne la nécessité de mettre en place des systèmes de soutien inclusifs et accessibles aux proches aidants.
Aller de l’avant
Nous cherchons à améliorer la situation des proches aidants au Canada. Pour ce faire, il est important de reconnaître la diversité de leurs besoins et la nature variée de leurs contributions. Pour faire écho à Sylvie Lambert, professeure agrégée à l’Ingram School of Nursing, les proches aidants forment un groupe hétérogène. Chaque proche aidant a son propre vécu, façonné par divers facteurs tels que le sexe, l’âge, la culture, le statut socio-économique et son parcours de vie. Faire preuve d’empathie et favoriser l’inclusion dans les politiques qui touchent les proches aidants est une étape cruciale : nous améliorerons ainsi non seulement le bien-être des proches aidants, mais aussi la qualité des soins offerts aux bénéficiaires.
Les communautés, les politiciens, les prestataires de soins de santé et les (en anglais seulement) ont tout intérêt à combiner leurs efforts et à se rallier s’ils souhaitent résoudre ces questions. Il est primordial que les proches aidants reçoivent le respect, le soutien et les ressources qu’ils méritent.