
avril 21, 2025
Les Risques Pour La Santé Physique Des Aidants
PROCHE AIDANT : LES RISQUES SUR LA SANTÉ
Il va de soi que les proches aidants vivent une plus grande fatigue en raison du stress. Toutefois, les véritables conséquences sur la santé risquent de vous choquer. À titre d’exemple, les conjoints qui agissent comme proches aidants assument une lourde responsabilité, ce qui entraîne un taux de mortalité 63 % plus élevé que celui de leurs pairs non aidants. Le système immunitaire des proches aidants qui s’occupent de personnes atteintes de démence peut rester affaibli pendant des années, même après les soins. Du reflux gastrique aux crises cardiaques, les proches aidants sont exposés à des risques accrus qui rendent leur rôle encore plus difficile.
Les risques sur la santé sont multiples et variés
Les risques physiques varient d’abord en fonction de la gravité et de la durée des traitements ainsi que de l’état de santé et de l’âge du proche aidant. Un proche aidant d’âge moyen en bonne santé, qui consacre moins de 10 heures par semaine pendant six mois, ne courra pas les mêmes risques qu’un conjoint âgé s’occupant de son partenaire atteint de démence pendant de nombreuses années. Néanmoins, même un accompagnement modéré peut accroître certains risques sur la santé. Penchons-nous sur ces risques et voyons comment les proches aidants et leurs familles peuvent en réduire les conséquences.
Risque accru de problèmes cardiovasculaires : L’hypertension artérielle est un effet secondaire bien connu du stress chronique, mais les conséquences sur la santé cardiovasculaire ne s’arrêtent pas là. Les femmes proches aidantes sont plus sujettes aux problèmes cardiovasculaires étant donné qu’elles fournissent plus de 9 heures de soins par semaine, multipliant ainsi les risques.
Risque accru de diabète et de cancer : Sur le long terme, les proches aidants peuvent voir leur système immunitaire s’affaiblir en raison du stress et du manque de sommeil. Par manque de temps pour eux-mêmes, ils renoncent souvent à des mesures de prévention comme l’exercice physique et une alimentation saine. Par conséquent, ils sont plus sujets au diabète et au cancer.
Risque accru de blessures physiques : Bien que les proches aidants ne soient pas des professionnels, ils accomplissent souvent des tâches physiques, telles que soulever ou déplacer une personne. En conséquence, ils sont davantage exposés aux blessures au dos, aux fractures et aux douleurs chroniques que leurs pairs qui n’assument pas ce rôle. Les risques sont encore plus élevés si l’aidant est âgé, présente un handicap, a subi une blessure antérieure ou répète ces gestes sur une longue période.
Affaiblissement du système immunitaire : Les proches aidants présentent des taux d’hormones de stress supérieurs de plus de 23 % et une réponse immunitaire inférieure de 15 % par rapport à la population générale. Cette réalité les rend plus vulnérables aux infections. Chez ceux et celles qui s’occupent de personnes atteintes de démence, le système immunitaire peut mettre jusqu’à trois ans après la fin de l’aide pour se rétablir, ce qui accroît le risque de développer une maladie chronique.
Quels en sont les principaux facteurs?
On connaît bien certains facteurs qui nuisent à la santé des proches aidants, mais d’autres sont plus difficiles à repérer. Voici quelques éléments clés qui entrent en ligne de compte :
Manquer des rendez-vous médicaux : De nombreux proches aidants négligent leurs propres rendez-vous médicaux. Près de trois proches aidants sur quatre déclarent ne pas consulter leur médecin aussi souvent qu’ils le devraient. Une proche aidante sur cinq a renoncé à une mammographie et elle est deux fois plus susceptible d’oublier de renouveler une ordonnance que celles qui n’offrent pas de soins. Ce phénomène est encore plus marqué en milieu rural où l’éloignement des services de santé rend l’accès aux soins difficile.
Moins de liberté pour faire de l’exercice : Les proches aidants, en particulier ceux qui cohabitent avec le bénéficiaire ou qui occupent un emploi à temps plein, disposent de bien moins de temps pour pratiquer une activité physique. Près de 58 % d’entre eux déclarent que leurs responsabilités ont eu un effet négatif sur leurs habitudes sportives.
Stress chronique : En fonction de la situation dans laquelle les proches aidants se retrouvent et les graves problèmes de santé en cause, le stress chronique est l’un des principaux facteurs qui les touchent. L’accompagnement de personnes atteintes de démence est notamment associé aux risques physiques les plus élevés. Les troubles du sommeil, plus fréquents chez les proches aidants, entraînent une baisse d’énergie, un affaiblissement du système immunitaire et une augmentation du risque de blessures. Par ailleurs, les troubles de santé mentale sont aussi plus répandus au sein de ce groupe, ce qui peut aggraver leur condition physique.
Moins de temps pour bien se nourrir : Les proches aidants gèrent de nombreuses tâches qui leur prennent beaucoup de temps et d’énergie. Ils accordent ainsi peu d’attention à leur propre alimentation. Six proches aidants sur dix déclarent que leurs habitudes alimentaires se sont détériorées en raison de leurs responsabilités.
Priorité au bénéficiaire : Souvent, les proches aidants privilégient le bien-être du bénéficiaire au détriment de leur propre santé, et ce, sans en avoir pleinement conscience. Un soutien adéquat est donc indispensable pour les aider à retrouver un équilibre.
Le coût lié à la prestation de soins : Les proches aidants subissent des répercussions financières qui compliquent l’accès à une alimentation équilibrée, à des activités physiques (abonnement à une salle de sport, par exemple), à des traitements médicaux ou à des services de repos leur permettant de prendre soin d’eux-mêmes. Ces difficultés sont d’autant plus prononcées chez les proches aidants marginalisés qui cumulent plusieurs rôles (travail et soins) ou qui doivent réduire leur temps de travail, voire y renoncer complètement.
Comment aider les proches aidants à prendre soin de leur santé
Heureusement, un soutien adéquat permet d’atténuer bon nombre de ces risques. Si vous connaissez un proche aidant dans votre entourage, voici comment vous pouvez l’aider :
- Engager un entraîneur personnel pour obtenir des séances à domicile.
- Proposer de l’accompagner à ses rendez-vous médicaux.
- Livrer des repas sains déjà préparés ou organiser un service de repas.
- Offrir un moment de repos ou mettre en place des services de soins à domicile.
- Proposer de renouveler ses ordonnances.
- Organiser la visite d’un ergothérapeute pour lui apprendre à soulever, transférer et prodiguer des soins en toute sécurité.
- Payer son abonnement à une salle de sport et accorder du temps de repos pour lui permettre de s’y rendre.
- Prévoir des périodes de repos plus longues que d’habitude pour le proche aidant dans le cas de soins à long terme. Selon la province, l’assurance maladie peut offrir plusieurs semaines de répit chaque année.
- Dans les cas de démence, porter une attention particulière au proche aidant, surtout s’il s’agit d’un conjoint âgé, car la situation présente un risque élevé pour sa santé.
- Offrir un soutien financier, si possible.
Même s’ils sont souvent fiers de leur engagement, les proches aidants peuvent éprouver un sentiment de honte lorsqu’ils perçoivent leurs efforts comme insuffisants. Rappelez-leur qu’ils ont besoin de préserver leur santé et que ce n’est en aucun cas un manque de dévouement. Contribuer activement à leur bien-être, c’est aussi leur faire comprendre qu’en prenant soin d’eux, ils seront en mesure d’offrir un meilleur accompagnement.