octobre 18, 2024
Qui sont les jeunes proches aidants canadiens ?
Au Canada, 1,9 million de jeunes âgés de 15 et 24 ans sont proches aidants. Les experts affirment que ce nombre est plutôt faible étant donné qu’il exclut les enfants âgés de moins de 15 ans. En moyenne, les jeunes aidants consacrent 6,2 heures par semaine à s’occuper de leurs grands-parents, leurs parents, leurs voisins ou leurs frères et sœurs. Cependant, 10 % d’entre eux fournissent plus de 20 heures de soins par semaine. Si beaucoup se disent fiers de soutenir leur famille, les répercussions de ce rôle peuvent être graves et durables.
Comment se fait-il que de telles conséquences soient aussi graves ? Les jeunes proches aidants font face à certains défis liés à leur rôle. Comme ils passent beaucoup de temps à la maison, ils passent moins de temps à socialiser avec leurs pairs. Cette réalité augmente le risque d’isolement et même de harcèlement. Une personne sur cinq rapporte que ses responsabilités de proche aidant interfèrent avec ses études ou son travail. Lorsque ce rôle devient permanent, ils font face à des conséquences qui peuvent être durables, notamment sur la santé mentale. Les jeunes proches aidants ont plus d’idées suicidaires et font hélas plus de tentatives de suicide que leurs pairs. Malgré ces répercussions, le principal obstacle demeure qu’ils ne sont pas reconnus à l’échelle nationale : ils sont invisibles.
RECONNAÎTRE NOS JEUNES PROCHES AIDANTS
Lorsqu’un jeune proche aidant reçoit de l’aide dès le départ, les effets négatifs liés à ce rôle peuvent être grandement diminués. Aujourd’hui, la sensibilisation à cette problématique demeure restreinte au Canada. Bien que les professionnels de la santé, les membres de la famille élargie et les enseignants peuvent plus facilement savoir quels jeunes sont proches aidants, ils peuvent aussi ne pas détecter leur détresse. De nombreuses familles tentent de cacher leur situation, ressentant de la honte à l’idée de dépendre de leur enfant. Ce phénomène est encore plus fréquent chez les populations vulnérables, notamment dans les communautés autochtones, qui, en raison de leur histoire, craignent toute ingérence dans leur vie familiale. Il est essentiel de sensibiliser la population, d’abord et avant tout, au rôle des jeunes proches aidants à la grandeur du pays.
LE ROYAUME-UNI, UN MODÈLE À SUIVRE
Le Royaume-Uni est un exemple remarquable : leur gouvernement soutient les jeunes aidants familiaux grâce à la Care Act de 2024. Du point de vue légal, elle les protège des responsabilités qui pourraient nuire à leur développement, à leur santé et à leur épanouissement. Les jeunes proches aidants peuvent effectuer une évaluation qui leur donne accès à divers types de soutien, dont une contribution financière allant à des réductions sur l’essence jusqu’à des allocations qui peuvent leur être versées. Au Canada, non seulement les jeunes aidants ne disposent d’aucun droit spécifique, mais ils n’ont également pas accès aux aides financières dont bénéficient les adultes. Cette lacune cause un impact financier important chez les populations vulnérables de notre pays.
COMMENT SOUTENIR LES JEUNES PROCHES AIDANTS ?
En qui pouvons-nous les aider ?
- Les professionnels de la santé et le personnel scolaire doivent être davantage formés et équipés en ressources
En soutenant un jeune proche aidant dès le départ, on réduit les risques liés aux défis de la prestation de soins. Les professionnels de la santé et le personnel scolaire sont les mieux placés pour identifier les jeunes proches aidants. En suivant à une formation à cet égard, ils prendront davantage conscience du nombre de jeunes occupant ce rôle. Les commissions scolaires auraient tout intérêt à adopter une politique visant à encadrer les jeunes proches aidants et à fournir de l’aide financière pour répondre à leurs besoins. De plus, les professionnels de la santé devraient obtenir des ressources pour venir en aide aux familles dans le besoin.
- La communauté peut se mobiliser en prenant des nouvelles
Les voisins, par exemple, peuvent apporter leur aide en prenant des nouvelles sur une base régulière et proposant de l’aide pour s’occuper des tâches comme sortir les poubelles, faire les courses ou faire le ménage. Parfois, le simple fait d’écouter peut changer la donne. S’ils le souhaitent, les voisins peuvent aussi guider la famille vers les ressources disponibles et les accompagner dans leurs démarches.
- Les membres de la famille doivent se répartir les responsabilités
Les membres qui ne vivent pas au sein du foyer doivent veiller à ce que les plus jeunes aient une enfance équilibrée, avec des responsabilités adaptées à leur âge et à leur degré de développement. Chaque membre de la famille élargie devrait, à un moment ou à un autre, prendre ce rôle et accompagner leurs proches vers les ressources nécessaires. Il est essentiel que la famille communique avec la direction de l’école pour s’assurer que des mesures d’adaptation scolaires répondent aux besoins du jeune. On peut changer la vie d’un jeune proche aidant en organisant une rencontre familiale pour mettre en place un plan de prise en charge.
- Déstigmatiser la dépendance aux jeunes proches aidants
Lorsqu’un jeune proche aidant reçoit le soutien dont il a besoin, il arrive davantage à anticiper ou éviter les conséquences négatives associées à la prestation de soins. En exerçant ce rôle de façon saine, il peut aussi en tirer une grande fierté puisque sa contribution peut renforcer les liens familiaux. Les parents qui dépendent de leurs enfants ressentent souvent de la honte et ils hésitent à demander de l’aide. Lorsque les familles sont accueillies avec bienveillance et ouverture, elles seront plus disposées à demander l’aide dont elles ont besoin.
- Faites un don à Proches aimants. Nous finançons plusieurs organismes qui soutiennent les jeunes proches aidants, dont
Big Brothers Big Sisters of Saint John Inc
Il est temps de répondre aux besoins des jeunes proches aidants et les Canadiens doivent le reconnaître. Ces jeunes peuvent s’épanouir en s’impliquant dans la vie familiale, à condition qu’on réponde à leurs besoins.