octobre 9, 2025

Les barrières linguistiques dans les soins: les défis et les solutions pour les proches aidants francophones ou non-anglophones

Parmi les huit millions de proches aidants au Canada, il existe un groupe particulièrement vulnérable dont les difficultés passent souvent inaperçues : les proches aidants allophones, soit ceux et celles qui doivent naviguer dans le système de santé sans maîtriser l’anglais ni le français. En plus des défis habituels liés aux soins non rémunérés – dont l’énorme investissement en temps, les difficultés financières et l’épuisement émotionnel – ces proches aidants doivent surmonter d’importantes barrières linguistiques qui compliquent chaque étape de leur parcours.

Dans un pays où près de 13 % de la population parle une langue autre que l’anglais ou le français à la maison, on constate qu’il y a d’importantes lacunes dans notre système lorsque les besoins des proches aidants allophones ne peuvent être comblés en raison des barrières linguistiques. Ils éprouvent encore plus de difficulté à jongler entre les rendez-vous médicaux, les démarches administratives et l’accès aux services de soutien. Dans ce blogue, nous verrons comment cette réalité touche les proches aidants allophones, les défis qu’ils doivent relever et les solutions ou les ressources auxquelles ils pourraient se tourner pour faciliter leur parcours.

COMPRENDRE LES RÉPERCUSSIONS

Il va de soi que les barrières linguistiques compliquent le rôle du proche aidant en plus de transformer son expérience. Elles peuvent rendre les tâches quotidiennes particulièrement ardues, comme se repérer dans un établissement de santé, comprendre les routines et les médicaments dans une langue étrangère, et bien plus encore.

Des études montrent que les proches aidants ne parlant pas la même langue ont plus de difficulté à accéder aux services et à obtenir des soins de qualité. Chaque semaine, ils doivent consacrer du temps supplémentaire à déchiffrer les informations médicales et souvent s’appuyer sur des proches qui ne maîtrisent pas toujours le vocabulaire médical. Lorsque des renseignements médicaux importants se perdent dans la traduction, les erreurs de médication, les rendez-vous manqués et les diagnostics retardés deviennent des risques bien réels.

Alors que 51 % des proches aidants déclarent se sentir surchargés, les proches aidants allophones vivent un stress supplémentaire : ils doivent affronter certains des moments les plus difficiles de leur vie tout en ayant recours à une langue qui n’est pas la leur. De plus, un grand nombre d’entre eux se sentent encore plus isolés lorsque les barrières linguistiques les empêchent de rejoindre des groupes de soutien ou de partager leurs expériences avec des personnes qui pourraient les comprendre.

LES BARRIÈRES SYSTÉMATIQUES QUI ACCENTUENT LES DÉFIS

Les difficultés des proches aidants allophones ne se limitent pas à des obstacles personnels, elles sont aussi d’ordre systémique. Bien que le Canada se définisse comme bilingue et multiculturel, son système de santé et de soutien social ne parvient souvent pas à répondre aux besoins des personnes parlant d’autres langues.

Naviguer dans la complexité du système de santé : Les rendez-vous médicaux peuvent être difficiles lorsqu’il y a peu de services d’interprétation disponibles ou lorsqu’ils ne correspondent pas aux besoins de ces proches aidants. De nombreux hôpitaux et cliniques ne disposent pas d’interprètes professionnels, ce qui les oblige à jouer à la fois le rôle d’interprète et de défenseur pour leurs proches. Une telle situation crée du stress et elle peut nuire à la qualité des soins lorsqu’ils cherchent à expliquer de l’information médicale complexe.

Accès à l’information : Les gouvernements provinciaux offrent des ressources destinées aux proches aidants, mais la plupart ne sont disponibles qu’en anglais et en français. Il existe de nombreux renseignements sur les services de relève, les crédits d’impôt, les congés pour proches aidants et les services de soutien, mais ils restent difficiles à repérer pour les personnes qui en ont le plus besoin. Même lorsqu’elles existent, les traductions sont souvent difficiles à trouver. En d’autres mots, les proches aidants allophones se retrouvent à évoluer dans un système fragmenté qui offre peu ressources pour les soutenir.

Barrières administratives : Les proches aidants doivent souvent gérer de nombreuses tâches, dont remplir des formulaires, comprendre les critères d’admissibilité et coordonner les différents prestataires de services. Cette charge est encore plus lourde lorsqu’ils doivent s’y atteler dans une langue étrangère. Comme les barrières administratives et les processus de demande en anglais ou en français constituent de véritables obstacles, les proches aidants allophones renoncent souvent à certaines aides par manque de clarté.

TISSER DES LIENS: DES SOLUTIONS EFFICACES

Malgré tous ces défis, on observe l’émergence de solutions novatrices à la grandeur du pays. Voici des solutions visant à soutenir les proches aidants allophones :

Réseaux de services de traduction dans la communauté : Plusieurs provinces se sont associées à des organismes communautaires pour mettre en place des réseaux de traduction bénévoles. Ces programmes mettent en relation les proches aidants avec des bénévoles bilingues de leur communauté qui pourront les accompagner aux rendez-vous médicaux et les aider à comprendre les traitements. Ce modèle de soutien entre pairs permet ainsi de surmonter la barrière linguistique et d’atténuer l’isolement.

Technologie comme vecteur d’égalité : Les outils numériques jouent un rôle de plus en plus important pour faciliter la communication, même en présence de barrières linguistiques. Grâce aux applications de traduction en temps réel et aux services de télésanté multilingues, on peut rendre l’éducation aux soins plus accessible. Les organismes créent maintenant des ressources adaptées aux spécificités culturelles et aux valeurs de chaque communauté, offrant ainsi plus qu’une simple traduction.

Services d’interprétation professionnelle : La qualité des soins gagne en qualité lorsque les établissements de santé offrent des services d’interprétation professionnelle, que ce soit en personne ou en vidéo. En effet, lorsque les proches aidants peuvent représenter leurs proches dans leur langue maternelle, ils peuvent se concentrer sur l’accompagnement plutôt que sur la communication.

UN APPEL À L’INCLUSIVITÉ

Soutenir les proches aidants allophones va bien au-delà de la traduction : il faut aussi les reconnaître et les inclure. Ils fournissent chaque année des soins dont la valeur se chiffre en milliards de dollars en plus de combler des lacunes importantes dans notre système de santé. Cela dit, ils méritent le même soutien que tout autre proche aidant.

Alors que nous travaillons à soutenir les proches aidants partout au Canada, nous devons nous assurer que la langue ne constitue pas un obstacle à l’aide. En réduisant les barrières linguistiques, nous renforçons l’ensemble de notre système de soins afin que chacun soit pris en compte et ait accès aux soins dont il a besoin.

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