août 15, 2024

L’écart entre les hommes et les femmes dans la prestation de soins

Dans de nombreux domaines, y compris les soins familiaux, les rôles sociaux traditionnels basés sur le sexe ont créé des disparités qui désavantagent les femmes. Bien que ce décalage diminue de plus en plus, les attentes sociales envers les femmes en matière de soins continuent de générer des inégalités dans les familles canadiennes.

En raison des divers scénarios dans lesquels les proches aidants se retrouvent, il peut être difficile de percevoir un tel écart. En effet, les hommes offrent aussi des soins à leurs proches, toutefois le type de soins effectué, le temps consacré et les bienfaits sur le bien-être des proches aidants diffèrent, ce qui souligne les différences marquées entre les sexes.

UNE DISPARITÉ PERSISTANTE

Les hommes sont plus susceptibles de s’occuper de l’entretien de la maison, y compris des travaux extérieurs. Quant aux femmes, elles offrent des soins habituels sur une base régulière. Elles aident les membres de leur famille dans la gestion de leurs médicaments et dans l’organisation de leurs rendez-vous médicaux, dans les tâches domestiques et dans les soins d’hygiène personnelle. En plus de prendre beaucoup de temps, ces engagements offrent peu ou pas de flexibilité dans l’horaire des proches aidants. Pour ces raisons, l’écart existe : les femmes consacrent plus de temps en moyenne à fournir des soins et elles ont moins de flexibilité au moment de choisir où et quand les offrir. En effet, les proches aidantes consacrent 50 % de plus de leur temps à prendre soin des leurs que les proches aidants.

Cette disparité peut expliquer pourquoi les femmes rencontrent plus souvent des difficultés professionnelles liées à la prestation de soins que les hommes.

UNE RÉALITÉ DIFFÉRENTE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

Dans leur carrière, les femmes font davantage face aux répercussions négatives de leur engagement comme proches aidantes que les hommes. Les femmes sont plus susceptibles de réduire leurs heures de travail, de prendre des congés de maladie, de perdre des promotions, de s’absenter régulièrement, de prendre une retraite anticipée ou même de quitter leur emploi. En moyenne, les proches aidantes gagnent 20 000 dollars de moins par an que les proches aidants. À long terme, ce déficit d’emploi affecte gravement les femmes : elles prennent leur retraite alors qu’elles ont moins d’économies, elles font face à un taux de chômage plus élevé et elles vivent un stress plus important, surtout financier. L’écart de revenu est particulièrement marqué chez les femmes à faible revenu et chez celles issues de minorités visibles. Cette réalité les expose à un risque accru de faire face à toutes les conséquences négatives associées.

UN NIVEAU DE STRESS DIFFÉRENT

En général, le rôle de proche aidant engendre des conséquences moins sévères chez les hommes que chez les femmes puisqu’ils y consacrent moins de temps. Cela dit, il est peu surprenant que les hommes rapportent un niveau de stress moins élevé que chez les femmes. Toutefois, ces dernières signalent un stress chronique plus important que les proches aidants, sans oublier un niveau d’anxiété élevé, de dépression et de fatigue. Bien que cette disparité puisse s’expliquer par un emploi de temps et une situation professionnelle qui diffèrent selon le sexe, il existe d’autres facteurs qui contribuent à cet écart.

Les femmes sont plus susceptibles de fournir un plus grand soutien émotionnel que les hommes lorsqu’elles exercent leur rôle de proche aidante. Elles ont plus tendance à négliger leurs propres rendez-vous médicaux et à privilégier les besoins du bénéficiaire au détriment des siens. Le décalage en matière de stress ne se limite pas à l’aspect émotionnel ou psychologique. Les proches aidantes présentent un plus grand risque face aux maladies cardiaques et chroniques. Ce risque varie selon l’intensité des soins offerts. Il va sans dire que les hommes subissent du stress et font aussi face à d’autres effets néfastes sur leur santé. Toutefois, les femmes sont généralement celles qui en subissent davantage les effets.

LA GÉNÉRATION SANDWICH

Cette disparité se retrouve aussi chez les femmes et les hommes qui prennent soin à la fois de leurs jeunes enfants et de leurs parents âgés. On dit que ces personnes font partie de la génération sandwich. Les familles nécessitant des soins intergénérationnels dépendent de manière disproportionnée des femmes. Dans une telle situation, les femmes portent une charge de travail élevée qui peut entraîner des conséquences importantes. Le décalage entre les femmes et les hommes qui font partie de la génération sandwich est plus flagrant que chez les proches aidants qui ne s’occupent que d’un seul adulte. À titre d’exemple, parmi ces derniers, 30 % des hommes fournissent des soins contre 37 % des femmes. En revanche, dans un contexte de prise en charge des enfants et des parents, la proportion d’hommes offrant des soins reste à 30 %, tandis que chez les femmes, elle augmente à 45 %. On remarque aussi cette disparité entre les sexes dans d’autres sphères : les déplacements des bénéficiaires, l’entretien et les tâches ménagères, l’aide médicale, la planification et la coordination des rendez-vous ainsi que le soutien émotionnel.

COMMENT RÉDUIRE L’ÉCART

Les familles doivent aborder la prestation de soins de manière structurée à l’aide d’un plan clair qui définit les rôles et responsabilités de chacun. Voici quelques suggestions visant à garantir une répartition plus équitable des soins :

  • Répartir les soins habituels sur une base régulière entre plusieurs proches aidants plutôt que de laisser la responsabilité à une seule personne.
  • Collaborer avec un conseiller financier pour mettre en place un programme de soins qui soit juste sur le plan financier.
  • Offrir du soutien supplémentaire aux femmes de la génération sandwich plutôt que d’alourdir leur charge de travail.
  • Envisager l’utilisation de services rémunérés ou de programmes gouvernementaux.
  • Consulter un conseiller familial ou un travailleur social pour obtenir de l’aide.
  • Discuter du programme de soins en famille le plus tôt possible, avant qu’une crise ne survienne.
  • Voir la prestation de soins comme une occasion de renforcer le soutien familial plutôt que de se concentrer uniquement sur le bénéficiaire des soins.
  • Protéger le revenu et le statut professionnel des femmes ou développer un programme de soutien financier.


Avec l’augmentation continue des besoins en matière de soins dans la population canadienne, il va sans dire que toutes les familles seront touchées. Ainsi, un dialogue ouvert sur la répartition des responsabilités permettra d’améliorer les conditions de vie des proches aidants et des bénéficiaires.

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