04/15/2024
Et si les proches aidants disparaissaient soudainement ?
Au Canada, nos systèmes sociaux et médicaux reposent sur les proches aidants. Chaque année, selon la National Seniors Strategy[1], environ 8 millions de Canadiens fournissent à leurs amis et leur famille des soins de santé d’une valeur estimée à 9 milliards de dollars. Sans leur aide, leurs proches devraient faire appel à notre système de santé et dépendre des filets sociaux déjà surchargés. Malgré leur grande contribution, les proches aidants ne sont pas toujours mis de l’avant.
Pour démontrer leur importance, nous avons créé un scénario dans lequel les proches aidants disparaitraient soudainement. Que se passerait-il ? Voici quelques défis auxquels nous devrions faire face si les proches aidants disparaissaient tout simplement :
- Les premiers répondants et les urgences feraient face à une hausse de la demande. Il va sans dire que sans les proches aidants, le nombre de patients dans les salles d’urgence bondirait. La gestion des médicaments est l’une des tâches les plus importantes des proches aidants. S’ils disparaissent, leurs proches risquent d’avoir du mal à faire le suivi de leurs ordonnances ou à prendre la bonne dose au bon moment. Leur absence pourrait engendrer des erreurs liées à la médicamentation et donc mettre à l’épreuve les services d’urgence.
- Les écoles auraient besoin de plus de personnel. Nombreux sont les proches aidants qui prennent soin en permanence des enfants ayant des besoins divers, y compris à l’école. En raison de l’insuffisance des services de soutien spécialisé dans notre système d’éducation public, les familles jouent souvent un rôle important dans l’intégration des enfants ayant des besoins spécifiques en classe. Sans les proches aidants, les enseignants et le personnel scolaire devraient prendre en charge l’administration des médicaments et aider les élèves à surmonter les obstacles environnementaux. De plus, ils devraient offrir un soutien individuel aux enfants comme les accompagner aux toilettes ou adapter les programmes selon les besoins immédiats. Il serait impossible de gérer une telle charge de travail sans l’ajout de personnel scolaire.
- Les proches n’auraient plus accès aux services publics. Les proches aidants s’occupent souvent des finances de leurs êtres chers : ils paient les factures et ils remplissent les déclarations fiscales. Si les proches aidants se volatilisaient, leurs proches pourraient être privés d’accès à des services essentiels.
- Les équipes de soins de santé nécessiteraient la présence de gestionnaires de projets de santé publique. En général, les proches aidants se chargent de divers aspects des soins médicaux de leurs proches, comme la planification des rendez-vous et l’organisation du transport. En l’absence des proches aidants, de nombreux rendez-vous médicaux pourraient être manqués ou retardés faute de moyens de transport adéquats. Certains patients pourraient se présenter sans avoir reçu l’information nécessaire liée à leur traitement. D’autres pourraient oublier les détails de leur plan de traitement et ainsi compromettre leur suivi. Dans un tel cas, le système de santé publique aurait besoin d’embaucher de nouvelles équipes pour assurer la prise en charge de ces patients et veiller à ce qu’ils aient accès aux services de santé et à des suivis appropriés.
- L’isolement social monterait en flèche. L’un des rôles les plus importants des proches aidants est de garantir que leurs proches maintiennent des liens sociaux. Qu’il s’agisse de les accompagner lors d’une promenade dans un parc, de les inscrire à des activités offertes par le centre communautaire ou de les encourager à rencontrer des amis, les proches aidants jouent un rôle crucial chez les personnes à mobilité réduite. La solitude est déjà un problème dans nos communautés. L’absence des proches aidants accentuerait l’isolement de nombreux Canadiens.
- Les temps d’attente pour une place dans un établissement de soins de longue durée deviendraient encore plus longs. De nombreux proches aidants fournissent un soutien à des personnes qui vivent dans leur propre maison. Leur présence atténue la pression exercée sur les listes d’attente pour accéder aux établissements de soins de longue durée et aux services d’aide à la vie autonome. Les besoins en placement dans ces programmes dépassent déjà largement les capacités. Sans les proches aidants, la demande de places augmenterait de manière exponentielle, ce qui rendrait encore plus difficile l’obtention d’une place en temps opportun.
En l’absence des proches aidants, nos communautés se trouveraient confrontées à une multitude de problèmes imprévus qui impacteraient à la fois les systèmes publics et privés, ainsi que l’ensemble de la population. Compte tenu du rôle essentiel qu’ils jouent à l’échelle nationale, il peut être surprenant de constater que le Canada ne dispose d’aucune stratégie nationale dédiée aux proches aidants.
L’un des objectifs de Proches aimants est de sensibiliser la population à l’importance de soutenir les proches aidants du Canada. Si vous souhaitez les appuyer, vous pouvez écrire à votre député fédéral ou provincial, vous engager en tant que bénévole auprès d’un organisme ou d’un événement qui les mettent en valeur ou faire un modeste don pour la cause. Vous pouvez également offrir un coup de main aux proches aidants de votre entourage et leur montrer que vous êtes à leurs côtés, prêt à les aider !
[1] En anglais seulement.