juin 15, 2024

Comment le Japon et la Suède soutiennent les proches aidants :Des modèles à suivre pour le Canada

Nombreux sont les proches aidants canadiens qui font face à des difficultés financières lorsqu’ils offrent de l’aide. Ils déboursent des sommes importantes, souvent même des milliers de dollars par an pour soutenir leur proche. Un grand nombre travaille moins d’heures ou accepte un emploi moins bien rémunéré pour avoir de la flexibilité, prendre des congés sans solde. Certains vont même jusqu’à quitter le marché du travail.

Cette responsabilité financière peut avoir d’importantes répercussions à long terme sur le bien-être des proches aidants. Pourtant, le Canada n’a aucune stratégie nationale pour répondre à leurs besoins financiers. Dans ce blogue, nous mettrons en lumière d’autres pays qui priorisent la sécurité financière de leurs proches aidants.


ÉTUDE DE CAS 1 : LE JAPON


Le déclin démographique du Japon a commencé plus tôt que dans beaucoup d’autres pays, ce qui a mis en lumière les besoins de soins familiaux. C’est culturel : les Japonais ont toujours pris soin des membres âgés de leur famille dans des foyers multigénérationnels. Cependant, en raison de la baisse du taux de natalité et de l’augmentation du nombre de femmes sur le marché du travail, moins d’enfants adultes sont capables de s’occuper des personnes âgées. Le manque de personnel à plein temps est aussi un problème chez les employeurs puisque la main-d’œuvre diminue en raison de l’évolution démographique. De plus, les proches aidants japonais ont de la difficulté à quitter le marché du travail en raison du coût élevé de la vie.

Pour permettre aux proches aidants de conserver leur emploi, le gouvernement japonais a mis en place un programme de congés familiaux prolongés. Selon une loi sur les soins aux enfants et les congés familiaux, les Japonais ont droit à ce qui suit :

  • 93 jours de congé pour s’occuper d’un proche, pouvant être pris sur un maximum de trois périodes ;
  • Cinq jours de congé « pour les proches aidants » ;
  • Exemption de faire des heures supplémentaires ;
  • Possibilité d’adapter les horaires de travail pour que le proche aidant puisse accomplir ses responsabilités.

Selon le professeur Yoko Niimi, de la Faculté d’études politiques de l’Université Doshisha, la possibilité de prendre congé pour s’occuper d’un proche réduit (en anglais seulement) la probabilité qu’un proche aidant soit contraint de quitter son lieu de travail. Le Canada propose un congé partiellement rémunéré dans le cadre du programme d’assurance-emploi, mais il n’offre pas la même flexibilité ni la même rémunération que ce qui est offert au Japon.

ÉTUDE DE CAS 2 : LA SUÈDE

Le Japon nous montre qu’il est possible de faire preuve de flexibilité dans les régimes de travail pour répondre aux besoins des proches aidants. En Suède, une loi sur les services sociaux vise à réduire les frais encourus par les proches aidants grâce à  (en anglais seulement): fournir des services publics prolongés ainsi que des rémunérations directes. Voici quelques points clés :

  • Les municipalités sont responsables de fournir des services de soutien aux proches aidants. Par exemple, ces services peuvent offrir de l’aide dans leurs tâches quotidiennes et leurs travaux ménagers, offrir des périodes de répit, ou fournir un soutien supplémentaire à domicile, comme l’aide aux soins hygiéniques.
  • Une « allocation de présence » a pour objectif de fournir un paiement direct au bénéficiaire afin d’indemniser les proches aidants.
  • Une « allocation pour soins » rémunère les proches aidants pour leur travail, les considérant ainsi techniquement comme des employés municipaux. Peu de personnes tirent profit de cette allocation étant donné que les services publics complets en Suède rendent la prestation de soins à temps plein rare. Cependant, l’existence de ce programme montre une compréhension des diverses situations dans lesquelles les proches aidants peuvent intervenir. Par exemple, les familles vivant dans des régions isolées où les services publics ne sont pas accessibles pourraient bénéficier de ce programme.

L’Australie, l’Allemagne et le Royaume-Uni (en anglais seulement) d’aide financière aux proches aidants, qui utilisent diverses tactiques pour les soutenir. Au Canada, les proches aidants peuvent bénéficier de différents crédits d’impôt. Toutefois, l’un des principaux inconvénients est qu’ils ne font que réduire l’impôt payable, sans toutefois offrir de rémunération directe. Autrement dit, un proche aidant ayant un revenu élevé et une facture d’impôt importante profitera plus de ces crédits qu’un aidant à faible revenu, qui pourtant en aurait le plus besoin. Les programmes provinciaux varient de manière considérable et ils complexifient davantage un système déjà compliqué.

La complexité et la valeur limitée des crédits d’impôt font en sorte que très peu de proches aidants canadiens y ont accès. En 2020, notre rapport sur la prestation de soins au Canada a révélé que seulement 8 % des proches aidants ont reçu cet aide.

La Suède et le Japon sont d’excellents exemples à suivre et le Canada peut s’en inspirer pour mettre en place un programme de soutien complet, accessible et équitable destiné aux proches aidants. Proches aimants s’engage à mieux faire connaître les besoins des proches aidants à l’échelle nationale.

 

 

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