
mars 13, 2025
Les répercussions financières de la prestation de soins en alternance
Selon Statistiques Canada, environ 6 % des Canadiens (2,4 millions) sont des proches aidants « pris en sandwich » ou « à double casquette ». Ces termes désignent les personnes qui prennent soin d’un membre de leur famille (dans la plupart des cas, un parent âgé) tout en élevant des enfants de moins de 18 ans. Ces proches aidants sont le plus souvent des femmes d’âge moyen, assumant de nombreuses responsabilités en matière de soins. Au cours des années à venir, le nombre de proches aidants à double casquette augmentera, ce qui aggravera par la même occasion leur niveau de stress et le manque de ressources à leur disposition.
POURQUOI RETROUVE-T-ON DE PLUS EN PLUS DE PROCHES AIDANTS À DOUBLE CASQUETTE?
Un plus grand nombre de personnes âgées préfèrent vieillir chez elles et recevoir des soins à domicile plutôt que d’habiter dans des établissements de soins de longue durée et les résidences pour personnes âgées. Pour ce faire, elles doivent dépendre de l’aide familiale. En parallèle, comme les Canadiens fondent leur famille à un âge plus avancé, la probabilité qu’ils aient de jeunes enfants pendant qu’ils prennent soin de leurs parents âgés est plus grande. En général, ces derniers vivent plus longtemps que les générations précédentes, ce qui prolonge la durée de soins requis.
LES RÉPERCUSSIONS FINANCIÈRES CHEZ LES PROCHES AIDANTS À DOUBLE CASQUETTE
L’argent est une grande source de stress pour les Canadiens et les proches aidants qui font face à des difficultés financières bien précises. Les dépenses liées aux soins accordés aux personnes âgées et aux enfants peuvent être exorbitantes, surtout en période d’incertitude économique.
- DÉPENSES LIÉES AU DOMICILE : De nombreux proches aidants sont coincés dans cette situation et ils ont besoin d’un soutien financier pour que leurs parents puissent exaucer leur souhait de rester chez eux. Les dépenses peuvent inclure le salaire des préposés à domicile, les rénovations requises à des fins sécuritaires ou encore des frais d’entretien.
- FRAIS DE GARDERIE : Les parents doivent déjà débourser des montants élevés pour assurer la garde de leur enfant. Ces dépenses peuvent être encore plus importantes pour les proches aidants de ce groupe, qui doivent consacrer davantage de temps aux soins de leur bénéficiaire.
- CHARGE DE TRAVAIL ÉLEVÉE QUI IMPACTE LE TRAVAIL : Ceux et celles qui fournissent des soins en alternance font face à une charge de temps deux fois plus élevée que les proches aidants. Par conséquent, ils doivent souvent prendre des congés, refuser une promotion ou même quitter leur emploi. En effet, 76 % des proches aidants à double casquette déclarent qu’ils devront réduire leurs heures de travail en raison de leurs obligations.
- RISQUE ACCRU D’ENDETTEMENT : Les proches aidants qui perdent toute source de revenus doivent souvent puiser dans leurs épargnes plus tôt que prévu pour s’en sortir. Il arrive qu’ils doivent s’endetter pour y parvenir, alors qu’ils devraient plutôt investir dans leur retraite.
- DIFFICULTÉ D’ÉPARGNER : Les proches aidants à double casquette doivent prendre soin d’un plus grand nombre de personnes pour une période plus longue que prévu, dont des enfants adultes. Près de la moitié vivent encore chez leurs parents dans la vingtaine au Canada. En étant responsables d’un plus grand nombre de personnes sur le plan financier, les proches aidants ont de la difficulté à épargner pour leur avenir et leur retraite.
LES CONSÉQUENCES
Les répercussions financières de la prestation de soins en alternance peuvent être importantes, surtout si les proches aidants doivent quitter leur emploi en raison de leurs responsabilités. Par conséquent, les bénéficiaires vivent, eux aussi, les conséquences de cette réalité. Selon le Centre canadien d’excellence pour les aidants, un proche aidant à court de soutien augmente le risque d’hospitalisation prématuré ou le transfert dans un établissement de soins longue durée pour le bénéficiaire. De plus, le stress vécu par le proche aidant peut aggraver les symptômes de santé de la personne qui reçoit les soins.
Les proches aidants confrontés à des difficultés financières se retrouvent dans une situation injuste, où ils doivent choisir entre investir dans leur propre avenir et répondre aux besoins de leurs proches. Puisque notre système de santé repose en grande partie sur leur travail non rémunéré, il est d’autant plus injuste que leur engagement puisse les conduire à l’endettement et à la précarité.
QUE FAIRE POUR MIEUX SOUTENIR LES PROCHES AIDANTS À DOUBLE CASQUETTE?
Aujourd’hui, l’aide financière accordée aux proches aidants canadiens est loin d’être suffisante. Il n’existe aucune stratégie nationale : les proches aidants doivent se retrouver au sein d’un système portant à confusion, composée de programmes et de crédits d’impôt de toutes sortes. Ce processus est si compliqué qu’en 2018, seulement 8 % des proches aidants ont pu bénéficier du soutien financier auquel ils avaient droit.